Accueil du site > lectures > romans > Hanna

Hanna

// samedi 31 décembre 2011 // par ptc

Or, aux premières notes, il happa mon attention. À l’appel des bois, je ne m’appartenais plus, je plongeais dans son univers ardent, sylvestre, douloureux, tiraillé de violences qui montent mais n’aboutissent pas, encombré de réminiscences qui s’évanouissent, un paysage mouvant, accidenté, où soudain un adagio fournit le baume de sa grâce, tel le soleil perçant les nuages pour dorer une vallée qui fut ombreuse.
Au fur et à mesure que l’œuvre avançait, je quittais ma respiration pour épouser la sienne ; soulevée par les violons, j’inspirais large avec les cordes, le tutti me maintenait en apnée, puis je soufflais sur un trait perlé de harpe. Ton Hanna ordinaire, celle qui ne se remet pas de sa grossesse nerveuse, celle que rongent des pensées mesquines, celle-là avait disparu. Une autre, libre, neuve, nageait sur les vagues musicales en se laissant flotter sur le courant, soumise, heureuse.
J’avais l’impression d’être rentrée dans mes sulfures. Que me proposent mes globes de cristal sinon ce que m’apportait cette musique ? Me débarrasser de moi, me retirer du monde où je souffre pour m’introduire dans celui où j’admire, fuir le temps que je subis afin de rejoindre le temps dont je jouis. Je m’émerveillais. J’avais abandonné la réalité pour la beauté.

Répondre à cet article

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom